adriennelautere

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Avant que je ne sois la vieille de Ronsard

Avant que je sois la vieille de Ronsard

 

Pendant longtemps j'avais méconnu ton génie.

Tu l'ignores toi-même, ainsi que ces enfants

prodigues, sous les doigts desquels la mélodie

fuse et jaillit spontanément.

 

Lentement m'apparut ce que tu crées en moi,

tout ce que ton amour m'apporte et fait comprendre.

Quand je t'écoute assidûment, je crois entendre

l'écho multiplié d'un chant au fond des bois.

 

Tant d'accords variés et de tonalités,

de modulations, de rythmes et de gammes

dorment secrètement dans le clavier de l'âme:

Il y a la douceur, il y a la bonté

 

qui guérit la raison de son intransigeance.

Il y a la tendresse aux languissants accords;

- N'as-tu pas remarqué combien le don du corps

ouvre l'intelligence? -

 

Il y a la gaîté dont les timbres cuivrés

éclatent en fanfare à travers l'organisme.

Ce crescendo sonore de mon optimisme,

tu dois l'entendre, ô mon aimé?

 

Quand près de moi tu demeures silencieux,

l'espérance amoureuse illuminant tes yeux,

n'écoutes-tu jamais la suave musique

que la présence arrache au clavier symphonique?

 

y doivent-ils rester comme un brûlant secret,

ma bouche par des mots refusant de les dire,

tous ces accents nouveaux que mon être ignorait?

 

...A moins qu'un jour, par un sourire,

par le son de ma voix, ou bien par mon regard,

avant que je sois la vieille de Ronsard,

ils te soient révélés, à toi qui les inspires?

 

Amour et Sagesse, 1921



26/10/2012
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